Désormais (presque) tout se loue et s’échange, s’imprime, s’automatise, s’interconnecte ou se personnalise…, même la médecine de demain sera gérée par des supercalculateurs* ! La révolution digitale en cours réinvente notre quotidien et remodèle à vitesse accélérée des pans entiers de notre économie. Pour vous dirigeants, la première erreur serait de rester simples spectateurs et penser que ces changements sont extérieurs à votre entreprise. La seconde serait de croire qu’il y a un « one best way », une réponse unique à cette révolution. Désolé mais il n’y a pas de recette magique ou de notice prête à l’emploi quel que soit votre secteur d’activité. La partie gagnante adaptée à vos enjeux est à inventer, non à dupliquer.
Digitaliser… en gardant une vision stratégique
Devenir acteur ne signifie pas simplement digitaliser votre entreprise. Et puis digitaliser quoi exactement ? Une offre rendue obsolète par les nouvelles attentes des clients et l’action des concurrents ? Non, l’enjeu est bien de formuler une stratégie différenciante et créatrice de valeur dans un environnement digitalisé. Un exercice stratégique qui doit être créatif et qu’on ne peut pas réussir en regardant dans le rétroviseur. Les dirigeants doivent être en première ligne : ce n’est pas à leur DSI, quelles que soient ses qualités, de piloter cette transformation. Créer un nouveau modèle d’affaires performant nécessite non seulement de repenser les offres mais aussi les organisations internes, les cultures d’entreprise, les pratiques managériales, les relations avec les fournisseurs…
Maîtriser les règles de la nouvelle donne
La donne a changé. Pour jouer les bons coups, les dirigeants doivent mieux appréhender les nouvelles règles en vigueur. Tout va plus vite, toujours plus vite : la faute aux effets de réseau qui enclenchent des dynamiques cumulatives sans précédent. Ce n’est pas Accor, valorisé presque 3 fois moins qu’AirBnB**, qui dira le contraire. La faute aussi à l’interconnexion des mondes et des métiers. L’hyper compétition fait rage et tout le monde veut tout faire. Amazon gagne désormais plus d’argent dans le cloud que dans le e-commerce.
Cette hybridation des Business Model rend d’ailleurs le jeu concurrentiel plus difficile à lire. Elle laisse aussi planer la menace perpétuelle de nouveaux entrants car les barrières à l’entrée sont devenues plus faciles à contourner. Et le client final dans tout ça ? Il est devenu une ressource clef de l’entreprise qui contribue autant à son offre qu’à son marketing ou à sa communication. Le renouveau de Lego est en partie dû à ce pari stratégique. La liste est longue de ces nouvelles règles que les dirigeants doivent maîtriser pour éviter de se retrouver hors-jeu.
Jouer conquérant et ne pas avoir peur d’échouer
Mais au-delà des règles du jeu, la « façon de jouer » est également essentielle : état d’esprit conquérant, capacité à saisir des opportunités et surtout savoir expérimenter, encore et toujours. Se tromper, accepter d’échouer pour mieux rebondir. Le « test and learn » est désormais une aptitude décisive dans ce nouveau contexte digital : « fail often, fail fast » disent les start up. A charge pour chaque dirigeant de bien placer le curseur de cette nouvelle culture du risque pour se donner les moyens de jouer une partie gagnante.
(*)Ariana Pharma, filiale de Pasteur propose de personnaliser les traitements médicaux des personnes atteintes de cancer via un logiciel de data mining couplé à un supercalculateur.
(**) La société Airbnb, créée en 2008 est valorisée autour de 30 milliards de dollars contre 11,5 milliards de dollars pour Accor créée en 1967 et pourtant 6ème groupe hôtelier mondial.
Frank Benedic – ID Strat / Février 2017